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Une initiative de Bruxelles Environnement

Dans les coulisses : interview de Médecins sans Frontières

Article publié le 20-12-2021

Médecins Sans Frontières (MSF) a obtenu les 3 étoiles du Label Ecodyn en mai 2021 pour son siège administratif, situé au cœur de la commune d’Ixelles, comptant 450 employés. Comment y sont-ils arrivés, quels défis les attendent pour le futur, comment se sont-ils débrouillés au cours de la pandémie du Covid-19 ? Robin Vincent-Smith, membre de la ‘Green Team’ a répondu avec enthousiasme à nos questions !

 

1. Quel a été le cheminement pour arriver au Label Entreprise Ecodynamique ? Y a-t-il eu un élément déclencheur en particulier ?

« Il y a 4 ou 5 ans nous avons lancé une Green Team au sein de MSF Bruxelles. Nous étions motivés mais ne savions pas trop quoi prioriser. On voulait être plus méthodologiques et passer par une labellisation. C’est à travers notre fédération, l’ACODEV (https://www.acodev.be/), qu’on a découvert qu’Ecodyn était l’outil le plus adapté à notre situation. Nous étions attirés par la possibilité d’avoir de la consultance, de l’expertise etc. C’était intéressant et notre Direction nous a donné le feu vert assez facilement. »

 

2. Sur quels leviers vous appuyez-vous pour surmontez les différents blocages ? Quels trucs et astuces partageriez-vous avec d’autres candidats ?

« Il n’y a pas vraiment eu de gros blocages. Le défi principal, il ne se trouve pas vraiment au siège à Bruxelles, mais plutôt au niveau de nos opérations à l’étranger, dans des pays pas ou peu outillés pour, par exemple, se diriger vers un fournisseur d’énergie verte. Cependant, on voulait commencer par quelque chose d’accessible, comme le siège, où les investissements ne seraient pas énormes pour démarrer, et dans un contexte où tout est possible car il y a plein de fournisseurs de services écologiques ou durables. Cela nous a permis d’apprendre beaucoup, et depuis lors, nous avons investi beaucoup dans la décarbonisation de nos opérations à l’étranger.

Malgré tout, l’équipe Facilities a eu beaucoup de travail pour retrouver les documents justificatifs, mesurer nos consommations d’eau, d’énergie etc. et prouver qu’on était aux normes. On a fait des recherches, demandé autour de nous, cherché, trouvé, rassemblé… C’était beaucoup de travail mais on ne le regrette pas. »

 

3. Quels sont les principaux avantages / bénéfices obtenus au quotidien grâce au fait d’être inscrits dans une démarche en éco-gestion, en particulier via le Label Entreprise Ecodynamique? Avez-vous des chiffres concrets ? 

« Le plus gros avantage de s’engager dans Ecodyn pour nous c’était d’avoir accès aux consultants qui savent de quoi ils parlent, qui ont l’expertise que nous n’avons pas, et qu’on aurait dû acheter si on n’avait pas eu l’accompagnement du Helpdesk. Et puis c’est aussi d’avoir via le référentiel et la plateforme électronique un tableau de bord assez complet, des idées de bonnes pratiques auxquelles on n’aurait pas pensé nous-mêmes (challenger le contrat avec notre restaurateur, travailler à la qualité des serveurs informatiques…). Ça nous a vraiment aidé à professionnaliser notre green team.

C’est encore difficile d’avoir des chiffres exacts pour l’instant, mais nous devrions être capables d’en avoir dès 2022. En tous cas la démarche nous a permis d’imaginer la conception de plan d’actions ambitieux. Le mouvement MSF vise une réduction de 50% de nos émissions CO2 d’ici 2030, sur base de 2019 et nous n’aurions jamais fixé cet objectif sans les apprentissages liés à notre candidature Ecodyn ! »

 

4. Dans quel domaine avez-vous réalisé le plus d’efforts concernant votre impact environnemental ?

« Nous n’avons pas vraiment une thématique de prédilection, nous avons fait des efforts partout où c’était possible. Nous avons changé de fournisseur d’énergie pour un fournisseur plus vert. Nous avons revu notre contrat de catering pour y inclure des clauses plus exigeantes. Avant, nos lumières restaient allumées jusque 23h, nous les éteignons maintenant bien plus tôt.

Comme je le disais, MSF – tout le mouvement – s’est mis comme objectif de réduire de 50% nos émissions de CO²d’ici 2030 sur base de 2019, et le siège de Bruxelles est entré en ‘compétition’ (en toute bienveillance !) avec les autres sièges, situés à Abidjan, à Paris, à Amsterdam, à Genève et à Barcelone. Spoiler alert : nous sommes fiers de faire partie du peloton de tête !

 

5. Comment avez-vous continué à entretenir la dynamique Ecodyn en interne malgré les difficultés rencontrées suite à la pandémie de Covid-19 ? Avez-vous une anecdote à nous partager ?

« Avec le Covid-19 nous avons changé de mentalité : nous nous sommes rendu compte qu’on peut faire plein de choses en ligne. Nous avons tous été projetés du jour au lendemain dans l’utilisation des technologies et aujourd’hui notre travail à distance est vraiment efficace. On collabore maintenant virtuellement par défaut, au lieu de collaborer face-to-face par défaut. Et il y a vraiment cette volonté d’ancrer ça dans notre culture massivement, et donc de réduire notre empreinte liée aux voyages professionnels.

Le Covid nous a permis de tester nos limites. On est maintenant plus ouverts à dépenser plus pour un choix qui est plus écologique. Nous l’avons démontré avec la négociation de notre contrat de catering ou avec le choix de notre nouveau fournisseur d’énergie qui est 11% plus cher qu’un compétiteur.

Sinon, pour l’anecdote, je suis devenu « DJ Zoom ». Ça ouvre vraiment d’énormes possibilités : musique, breakout rooms, energizers… Je me suis formé, j’ai commencé à former des équipes, un nouveau métier s’est créé : facilitateur de réunions virtuelles ! On l’utilise pour du transfert de connaissance, mais aussi pour de la prise de décision en intelligence collective, et le côté positif c’est que beaucoup plus de monde a pu être inclus à la prise de décision vu que tout se passait en virtuel. Nos réunions sont devenues plus diverses, équitables et inclusives. »

 

6. Comment avez-vous communiqué sur votre label auprès de vos travailleurs et de vos clients ?  Comment ont-ils réagi ?

On a fait beaucoup des webinaires, des événements, des campagnes de sensibilisation, souvent liées aux campagnes déjà bien implantées à Bruxelles, comme par exemple la semaine de la mobilité. Le staff a réagi de façon très positive, la Green Team a grandi de manière exponentielle, tout comme la reconnaissance de son travail, d’ailleurs.

Nous allons bientôt nous prendre en photo, avec notre magnifique certificat Ecodyn, dans son joli cadre, et on fera en sorte que chacun porte un élément qui fait lien avec notre labellisation : un vélo, un légume de saison, une tasse réutilisable…

 

7. Quels sont les défis que vous comptez vous lancer à l’avenir ?

« On estime que 30% de notre empreinte carbone est liée aux voyages professionnels. Le fait de savoir ça, ça nous a tous éduqués. Nous comprenons mieux l’envergure du challenge et nous allons maintenant travailler avec des consultants pour avoir un vrai outil de mesure.

Nous venons d’ailleurs de sortir une nouvelle politique de déplacements, qu’on a appelée « Travel less, travel consciously » (« Voyager moins, voyager en conscience »). Nous réfléchissons beaucoup plus avant d’entreprendre un voyage. Nous avons modifié le point de rencontre des réunions inter-sièges : si tout le monde va à Paris au lieu de Bruxelles, les collègues basé en Europe peuvent tous y aller en train et nos émissions de CO² s’en voient réduites. Il y a encore du travail mais le principe est simple : voyager uniquement s’il faut (re-)bâtir une relation de confiance interpersonnelle, ou bien résoudre un problème très complexe. Si le voyage dure moins de 5h, prendre le train. Développer des indicateurs autres que le coût du voyage. Prioriser l’alternative la moins impactante, même si c’est 20% plus cher.

Après, c’est hors scope Ecodyn car pas spécifiquement lié à notre siège de Bruxelles, mais dans notre métier, une grosse partie de notre impact environnemental (30-35%) est lié à la chaîne d’approvisionnement du matériel et des médicaments que nos équipes utilisent sur le terrain partout dans le monde. C’est-à-dire aussi bien la production de ces médicaments, que leur transport, leur stockage etc.

On a encore du travail devant nous mais notre équipe est plus que motivée. On n’espère pas spécialement obtenir de bénéfices financiers de par la réduction de nos consommations, on fait ça parce qu’on est convaincus qu’il faut le faire, c’est tout. Et en particulier pour nos patients, qui sont souvent parmi les plus touchés par le changement climatique. »

https://www.msf-azg.be