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Dans les coulisses : 8 questions pour Mekanika

Article publié le 27-09-2024

Comment cette entreprise innovante a fait de l’écoresponsabilité un atout.

 

L’obtention du label Entreprise Écodynamique est un véritable levier pour les entreprises désireuses de s’engager dans une démarche durable. Dans cette interview, Roldan, co-fondateur de Mekanika, une jeune entreprise innovante spécialisée dans la fabrication numérique open source, partage son parcours vers un modèle plus responsable. De ses valeurs fondatrices à ses bonnes pratiques en passant par les défis rencontrés, Mekanika montre que l’écoresponsabilité est accessible à tous, avec de la volonté et une approche progressive. Un exemple inspirant qui pourrait bien vous motiver à sauter le pas et si ce n’est pas déjà fait, candidater vous aussi pour ce label.

 

Mekanika en quelques mots 

Mekanika est née en 2019 de l’envie de rendre les techniques de fabrication plus accessibles à petite échelle, afin de renforcer la production locale. Pour ça, nous développons des machines de fabrication numérique que nous nous efforçons de rendre plus accessibles – techniquement et financièrement – à travers une philosophie open source et collaborative. 

 

1. Comment est née l’idée de vous lancer dans l’éco-gestion avec Mekanika ? 

Les valeurs environnementales sont inhérentes à la genèse du projet et à la vision des fondateurs. Ajoutez à ça un démarrage de l’entreprise avec peu de moyens, et on développe une culture de la débrouille, de la réutilisation et de la rationalisation des ressources, qui continue à perdurer malgré notre croissance. C’est aussi un aspect qu’on cherche très fort dans l’équipe quand on recrute : c’est nécessaire qu’on soit alignés sur les valeurs. 

 

2. Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontés en adoptant des pratiques plus durables pour obtenir le label, et comment les avez-vous surmontés ?

Le plus difficile a été de passer d’une approche du « bon-sens » vers une approche mesurée. Ça nous a permis d’identifier les points où nous faisions moins bien que ce que nous imaginions afin de les améliorer. Mais dans l’ensemble, beaucoup de choses étaient déjà en place, l’équipe était partante pour les ajustements et le processus a été assez fluide.

 

3. Pouvez-vous partager une anecdote ou un exemple concret de la manière dont votre engagement envers l’écogestion a eu un impact positif sur un projet spécifique ? Où avez-vous des bonnes pratiques dont vous êtes particulièrement fiers ?

Il y en a beaucoup, étant donné qu’il y a un lien étroit entre nos produits et nos engagements. L’un des plus fort serait pour moi la mise en place de notre première réelle boucle circulaire : nous avons deux modèles de machines, une pour débutant.e.s et une pour professionnel.le.s, et nous avons développé un « kit d’upgrade », qui permet de passer de l’une à l’autre sans devoir racheter une nouvelle machine. Nous récupérons les composants non-utilisés de la machine modifiée, les analysons et les réutilisons pour des réparations ou des prototypes lorsqu’ils sont en bon état, ça permet d’éviter et l’obsolescence, et les déchets liés à l’upgrade.  

 

4. Le label récompense les bonnes pratiques mises en place principalement dans vos bureaux, mais votre core business entier a une finalité éthique et durable. Comment vos clients et partenaires réagissent-ils à votre démarche écoresponsable ? Est-ce un critère important pour eux dans le choix de travailler avec vous ?

À ce stade-ci, la performance des machines prime encore largement sur leur durabilité, et nous nous alignons sur le prix du marché sans appliquer d’effet sur le prix pour tous nos engagements. C’est donc plus un bonus qu’un critère central.

Nous inscrivons aussi la responsabilité environnementale dans une vision plus large d’une production plus transparente et collaborative, en incluant des composantes sociales et économiques. La vision de notre entreprise dans son ensemble nous démarque sur le marché, mais ne nous empêche pas de devoir chercher l’excellence des produits par rapport à la concurrence.

 

5. Vous avez obtenu 3 étoiles au Label. Était-ce une réelle volonté d’avoir le score le plus élevé ? Avez-vous mis en place certaines mesures spécifiques pour y parvenir ?

Nous cherchions les 3 étoiles effectivement. Il est temps de montrer qu’on peut arriver à faire les choses bien, quel que soit le secteur – et la production est particulièrement productrice de déchets. L’ensemble des mesures que nous avons prises visaient cet objectif.

 

6. Vous travaillez dans le domaine des machines open-source. Selon vous, quel rôle ces technologies peuvent-elles jouer dans la transition écologique à l’échelle de l’industrie ?

Je pense qu’il y a avant tout des questions à se poser sur ce qu’il faudra produire à l’avenir et pourquoi. Une partie énorme de l’impact environnemental de nos sociétés est liée à des objets inutiles ou mal produits, où on place le curseur sur la rentabilité avant la durée de vie des objets, la santé ou l’impact environnemental.  

De notre côté, on questionne la logique de la production de masse, en amenant la possibilité de vivre d’une production à petite échelle, avec de la petite automatisation. Dans ce cadre-là, des technologies peuvent aider. Mais l’idée est de ne pas reproduire la logique classique d’amener une solution technique à un problème complexe : en développant tout en open source, on crée des communs numériques qui permettent à d’autres de se développer sans nous devoir quoi que ce soit. Ce modèle ne pourra probablement pas couvrir seul tous les besoins d’une société, notre approche doit faire partie d’un tout, avec des changements dans l’industrie de masse, de consommation, de réglementation, etc.  

 

7. Quels sont les projets futurs de Mekanika en matière d’éco-gestion ? Avez-vous des objectifs à long terme pour devenir encore plus durable ?

Bien sûr, nous sommes dans une logique d’amélioration continue. Inclure les externalités fait partie des critères dont on tient compte pour chaque nouveau développement, chaque modification de process, chaque recrutement. On les met bien sûr dans la balance avec d’autres critères tels que la rentabilité, qui reste encore fragile pour une jeune société de 4 ans, mais toujours dans l’objectif de faire mieux, au rythme qu’on peut supporter. 

 

8. Quels conseils donneriez-vous aux autres entreprises comme la vôtre, souhaitant s’engager dans une démarche écoresponsable, mais qui n’ont pas encore franchi le pas ?

Je pense qu’il faut avoir une motivation intrinsèque, et de s’y attaquer étape par étape, avec des objectifs clairs et atteignables. Le message ambiant d’urgence ne doit pas paralyser ou décourager. Il faut éduquer les équipes, les fournisseurs et les clients, ça prend de l’énergie, mais ça peut aussi être un beau catalyseur de sens au sein d’une organisation, et amener plein d’avantages surprenants tout au long du processus. 

 

En obtenant 3 étoiles au Label Entreprise Écodynamique, Mekanika démontre qu’il est possible d’allier innovation technologique et responsabilité environnementale. Leur engagement en faveur de l’écogestion, ancré dans leurs valeurs fondatrices, a non seulement renforcé leur culture d’entreprise, mais également optimisé leur production. Avec une approche progressive et pragmatique, Mekanika prouve que chaque entreprise, quelle que soit sa taille, peut intégrer des pratiques durables. Leur parcours inspire et montre qu’adopter une démarche écoresponsable est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais également pour le développement de l’entreprise.