Le numérique responsable : entre réponse aux enjeux actuels et consommation raisonnée
Article publié le 20-09-2023
A l’heure du tout-digital, et avec plus de 90% des emplois appartenant au secteur tertiaire à Bruxelles, le numérique occupe une place prépondérante dans les activités de la capitale. Si ce recours croissant aux outils connectés peut revêtir un aspect pratique, il ne faut pas en oublier les impacts environnementaux et sociaux, parfois considérables. Petit tour d’horizon de la problématique avec Victoria Rase et Laura Natalis, responsables de la thématique numérique responsable chez Bruxelles Environnement.
L’impact du numérique
Bien que son aspect virtuel donne l’impression que le numérique est immatériel et sans impact, il est en réalité responsable d’environ 4% des gaz à effet de serre au niveau mondial, soit autant que l’aviation civile. Et ce chiffre croit de façon exponentielle au fil des ans.
« On se dédouane souvent en disant que le gros de l’impact se situe au niveau des datacenter, alors qu’environ 3/4 de l’impact environnemental du numérique est lié à nos terminaux utilisateurs. Les individus ont donc un rôle à jouer dans la réduction de cet impact, tant au niveau personnel que professionnel », explique Laura Natalis. L’analyse du cycle de vie des terminaux (ordinateurs, téléphones, imprimantes, etc.) montre en effet que ces équipements sont très consommateurs en ressources, tant au niveau de leur fabrication que de leur traitement en fin de vie. Ces derniers sont composés de nombreux métaux, dont l’extraction s’accompagne de pollutions des eaux, du sol et de l’air, ainsi que de conditions de travail difficiles au moment de la fabrication, et qui sont très difficilement recyclables après usage. « Pour fabriquer un ordinateur portable de 2kg, il faut mobiliser à peu près 800kg de ressources naturelles (énergies fossiles et minerais), sans compter les milliers de litres d’eau douce nécessaires », ajoute Victoria Rase.
La grande consommation d’appareils au sein des entreprises, et le fait que ces derniers soient régulièrement changés pour de nouvelles versions, alimente ce système de production massive de terminaux.
Le numérique responsable
La société, notamment au niveau européen, est actuellement confrontée à deux grands enjeux : la transition digitale (idée de numériser au maximum les produits et services) et la transition environnementale. Bien que les deux représentent des priorités pour l’Europe et pour les États membres, certains observateurs tirent la sonnette d’alarme sur le fait que l’un et l’autre présentent parfois des agendas opposés. Bien qu’offrant des solutions pour répondre à la crise environnementale, la digitalisation ne tient en effet pas compte de certains aspects sociaux, comme les inégalités d’accès au numérique, ou encore éthique, comme le respect de la vie privée et des données, en plus de son impact sur l’environnement. Le numérique responsable se positionne donc à la croisée des deux grandes transitions, avec pour objectif d’y trouver un terrain d’entente durable.
Comment agir au sein de votre entreprise ?
Pour les entreprises, une action simple, mais dont l’impact est significatif, est de garder le matériel plus longtemps. Les entreprises renouvellent en moyenne leurs flottes informatiques tous les 4 ans, alors que les équipements fonctionnent encore très bien. Pourtant, une décision managériale peut changer la donne, en repoussant l’échéance du changement du matériel, ou le gardant jusqu’à ce qu’il ne fonctionne plus.
En amont, les entreprises peuvent également être attentives à la qualité du matériel acheté, pour choisir des terminaux plus robustes, plus durables, plus vertueux, et qui peuvent être facilement réparés. Selon les marques, certains modèles d’ordinateurs ou de smartphones se réparent plus facilement, ou sont modulables, avec des composants qui peuvent être renouvelés. Les grandes entreprises peuvent aussi décider d’ajouter des clauses environnementales et sociales dans les cahiers des charges de leurs contrats d’achats.
Lorsque le renouvellement du matériel est nécessaire, il est recommandé de ne pas laisser traîner les anciens terminaux dans des greniers ou des caves. S’ils fonctionnent toujours, les entreprises peuvent les donner à des asbl ou des écoles, ou les revendre. Le reconditionnement est également une option intéressante pour lui octroyer une seconde vie. Si le matériel est vraiment hors d’usage, il peut être amené dans un point de collecte d’une filière de recyclage agréée.
Au niveau de l’utilisation, quelques bonnes pratiques peuvent également être bénéfiques pour l’environnement, comme une bonne gestion des informations stockées, limiter la consommation en bande passante ou encore opérer une maintenance régulière de son appareil, mais Victoria Rase nous le rappelle : « Éteindre son ordinateur tous les jours est bien, mais cela n’a pas d’impact s’il est remplacé tous les 2 ans. Le piège, c’est de mettre trop d’attention sur les petits gestes ».
Des accompagnements à votre disposition
De nombreux outils existent pour vous aider à opérer la transition numérique de votre entreprise :
- Le réseau ISIT, branche belge de l’institut du numérique responsable (INR), qui met gratuitement des ressources à disposition, telles que des guides pour les achats et pour l’éco-conception ou des logiciels. Le réseau organise également des conférences et des webinaires sur le sujet. Il est possible d’aller plus loin en devenant membre du réseau. L’adhésion est peu coûteuse et le prix est adapté à la taille de l’entreprise. Plus d’infos : https://isit-be.org/
- Au niveau bruxellois, le 1819 a lancé une section sur son site pour les bonnes pratiques digitales et peut offrir un premier niveau de conseil : https://1819.brussels/infotheque/entreprendre-durablement/la-digitalisation-durable-definition-avantages
- La fresque du numérique est un atelier participatif et ludique qui permet de bien comprendre quels sont tous les enjeux environnementaux derrière le numérique. C’est un bon outil pour sensibiliser tous les membres de l’entreprise, peu importe le niveau hiérarchique et le niveau de connaissance : https://www.fresquedunumerique.org/
- Le référentiel du Label Ecodyn peut être, lui aussi, source d’inspiration pour de bonnes pratiques à implémenter sur vos sites d’activité ! Le helpdesk se tient également à votre disposition pour toute question.
Vous voulez vous lancer? Une séance d’infos sur l’outil de sensibilisation la Fresque du Numérique est organisée le 19/10 à 18h à Bruxelles Environnement (ouvert à tous) en collaboration avec l’ISIT. Plus d’infos et inscriptions en suivant ce lien : https://environnement.
brussels/citoyen/agenda/ information-session-fresque- du-numerique-digitale-fresco.
Mettre en place de bonnes pratiques pour réduire son impact numérique, c’est de l’écogestion ! Vous souhaitez vous lancer ? Faites reconnaitre vos initiatives par la Région en faisant labelliser un ou plusieurs de vos sites d’activité : https://www.ecodyn.brussels/